Wednesday 30 January 2008

LE DEUX POIDS DEUX MESURES SE POINTE LE NEZ UNE FOIS DE PLUS

Pendant que le puissant lobby anti-tabac – financé en partie par les géants pharmaceutiques – a fait des pressions auprès de nos élus pour adopter une législation pour cacher les produits de tabac alors que tout le monde est bien informé des risques qu’ils présentent pour la santé, l’industrie pharmaceutique étale de plus en plus ses produits disponibles en vente libre, y compris les produits de cessation du tabagisme. Produits que non seulement ne sont pas inoffensifs, mais que la population est loin d’être informée de leurs dangers.

Autant l’exprimer clairement : À part du fait que nous estimons que cacher les produits de tabac -- qui d’ailleurs ne sont pas accessibles aux mineurs -- n’influencera pas les habitudes des consommateurs, il n’en est pas question que nous élaborions plus longuement sur la question. Nous estimons que cette législation concerne uniquement les détaillants des produits de tabac et les compagnies de tabac elles-mêmes. Cependant, nous ne pouvons passer à côté de la partisannerie du gouvernement selon quel lobby crie le plus fort et pour quels motifs. À cet effet, ‘’le deux poids deux mesures’’ du gouvernement, devient très flagrant et démontre clairement que la santé des citoyens, n’est pas leur première préoccupation lorsqu’il s’agit des lois qu’ils adoptent sous l’influence des lobbys corporatifs.

À noter également dans l’article qui suit, comment que le conflit d’intérêt influence le résultat des études épidémiologiques.

Des sirops qui tuent


André Noël
La Presse

Un homme habitant Québec est mort parce qu'il avait pris trop de médicaments sans ordonnance contre la toux et le rhume, a indiqué hier le Bureau du coroner. Les mises en garde contre les sirops antitussifs se multiplient ici comme ailleurs, surtout pour les enfants, mais aussi pour les adultes.

De récentes études montrent que les sirops et les médicaments sans ordonnance contre la toux et le rhume n'ont aucune efficacité. Selon plusieurs chercheurs, ils ne guérissent rien et ne soulagent même pas les symptômes. Mais surtout, ils peuvent être très dangereux.

L'hiver dernier, un enseignant participant à un programme d'éducation professionnelle à Québec note qu'Yvan Houle, 49 ans, ne s'est pas présenté à son cours depuis une semaine. Il avise les services d'urgence. Les policiers entrent chez M. Houle et le découvrent mort, couché dans son lit, emmitouflé dans ses couvertures.Le corps est envoyé pour autopsie au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal. La mort semble naturelle, mais la pathologiste ne décèle aucune maladie. En revanche, les analyses toxicologiques révèlent des taux élevés d'ingrédients couramment utilisés dans les sirops ou médicaments contre la toux et le rhume.

Il y a de la guaïfénésine, un expectorant, ainsi que deux décongestionnants, du dextrométorphane et de la pseudo-éphédrine/éphédrine. Les analyses montrent la présence de 250 milligrammes de cette dernière substance dans le contenu gastrique, alors que la posologie est de 120 mg pour 12 heures.«La pseudo-éphédrine peut altérer le rythme cardiaque, tandis que le dextrométorphane agit sur les centres de la respiration, a indiqué le coroner Andrée Kronström au cours d'un entretien, hier. Or, le processus mortel semble avoir été provoqué par une mixité de troubles cardiaques et respiratoires.»

La coroner recommande au ministère de la Santé de faire une campagne de publicité pour rappeler aux Québécois que les médicaments contre la toux et le rhume, vendus sans la supervision des pharmaciens, peuvent être mortels s'ils ne sont pas pris selon la posologie.Par ailleurs, aux États-Unis, les centres fédéraux pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) viennent de révéler que plus de 7000 enfants de moins de 11 ans doivent être emmenés chaque année au service des urgences d'un hôpital en raison de réactions néfastes aux sirops antitussifs.La semaine dernière, l'Agence américaine de contrôle des aliments et des médicaments (FDA) avait adressé une mise en garde contre l'usage des sirops expectorants chez les enfants de moins de 2 ans, en raison du risque d'effets secondaires potentiellement mortels.

Très populaire

Simultanément, des chercheurs ont présenté une recension exhaustive des études sur ces sirops parues dans les journaux médicaux. Ils ont conclu qu'ils étaient inefficaces, tant pour les enfants que pour les adultes. Pourtant, des millions de personnes en achètent chaque année partout dans le monde.

«Je ne donne pas de médicaments antitussifs sans ordonnance à mes enfants, a dit le Dr Thomas Fahey, professeur au Collège royal de chirurgie à l'École médicale d'Irlande, en présentant la recension. Je ne suggère pas non plus à mes patients d'en prendre.»

«Six des neuf études qui étaient soutenues par l'industrie pharmaceutique ont montré des résultats positifs, alors que seulement trois études positives sur 16 ont été faites sans que ne soient révélés des conflits d'intérêts», indique la recension, publiée dans la revue de l'organisation Cochrane, spécialisée dans l'évaluation de la recherche médicale.

Une recherche menée au Collège de médecine de Pennsylvanie avait déjà conclu que les sirops antitussifs pour enfants n'étaient pas plus efficaces que des placebos. En fait, les enfants qui avaient pris des placebos (des sirops sans aucun ingrédient médicamenteux) étaient plus nombreux à se déclarer soulagés que ceux qui avaient pris du sirop vendu sans ordonnance.

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